Autopergamene
Le Chant des Sirènes
article🇫🇷 françaisPublished 2006-04-04Fluff4mn to read
Hop, il est l’heure, je rentre tranquillement du lycée semi-bloqué par des lycéens, eux mêmes bloqués par des policiers. Ne me demandez pas pourquoi ils le bloquent, vous devez sûrement déjà le savoir, et entre nous, on s’en fout complètement. Voila le moment fétiche ou j’ouvre les portes de ma maison et ou j’arrive dans ma chambre. N’ayant rien d’autre à faire, et comme c’est devenu une sorte de rituel, j’allume mon ordi et part manger quelque chose le temps que ça s’allume (faut le ménager le pauvre, Grub est long à la détente). Quand je reviens mon Windows m’attends à bras ouverts (bah oui, vous croyez quand même pas que j’avais réussi à faire marcher le wifi sous Linux ?), et là c’est mon moment préféré, j’appuie sur les deux touches de mon clavier qui sont les rares “fonctions” que j’utilise. Elles en ont reçu des coups de doigts, elles sentent le vécu. La première lance Firefox, et la seconde ouvre mon dossier de musiques.
Par un souci de gain de temps, et pour d’autres raisons, je n’écoute jamais “une” chanson, j’ai tout organisé en playlists. Et selon mon humeur, ma période, mon euphorie à découvrir un nouvel album, j’en lance une. Et c’est devenu une sorte de marqueur dans le temps, chaque playlist commence par un son d’introduction, un mot, une phrase. Et en repensant par exemple à la musique d’introduction de Opera Puccino, je me rappelle soudainement les deux mois pendant lesquels j’ai décortiqué cet album. Des tas de souvenirs me viennent en tête et c’est ainsi que je me repère. J’ai eu des périodes “IAM”, des périodes “NTM”, des périodes “FTK” (ahah, non lui je viens de l’inventer), et autres Lunatic que j’aime tant. J’ai l’air de vous déballer mes musiques pour “trop tous vous impressionner” mais ce n’est pas le cas, c’est juste les deux trois qui me viennent à l’esprit, là, maintenant tout de suite.
Et chacune de ces périodes, de ces “playlists”, à une atmosphère qui lui est propre. Quelque chose qui vous passe par l’esprit lorsque les premières paroles viennent vous vider un peu la tête de toute votre journée harassante. On peut même aller plus loin, et se dire par exemple, Lunatic, c’est du bleu foncé et du vert saturé. Oui, j’ai l’air complètement fou en disant ça, mais vous allez mieux comprendre : Chaque piste, a une atmosphère qui lui est propre, car elle évoque des lieux, des gens, milles mots pour un : un ensemble de couleurs. Et chaque album va alors se forger une teinte, qui à elle seule peut évoquer tout autant que toutes les paroles de ce même album. Si on en avait le courage, on pourrait peindre la musique. Peindre des tableaux abstraits mélangeant ces couleurs, donnant des formes et des volumes qui évoqueront peut être autre chose selon la personne. Comme les taches d’encres des psychologues.
Evidemment, je me ment un peu à moi même, un tableau n’en dira jamais autant qu’un album. Il y a toujours dans une piste une phrase qui vous marque, qui reste ancrée dans votre esprit et qui tourne en boucle lorsque la musique s’arrête, et qui sera remplacée par une autre lorsque la musique recommencera. C’est un peu le chant des sirènes, on entend en boucle ces paroles, augmentant l’envie d’aller rejoindre cette musique et ses couleurs. Et une fois que la musique est lancée, si on y fait pas attention on entre dans une sorte de transe. Il suffit qu’on fasse quelque chose pendant ce temps, et on oublie de changer la chanson, qui tournera inlassablement en boucle sans qu’on ne s’en rende compte. Et lorsque la musique s’arrêtera, elle aura tournée tellement de fois qu’on en connaîtra les moindres recoins par coeur, les intonations, les mots, les accordements. Et on restera renfermé dans cette même musique. Et ce, jusqu’à ce qu’un jour on résiste et lance une autre chanson, qui s’ancrera à la place de l’autre, et on ne pourra jamais s’en défaire. Vous comprenez désormais pourquoi je n’écoute jamais “une seule” chanson.
Il ne restera qu’un moyen de faire sortir le démon, le peindre sur une toile, en peindre les moindres recoins, intonations et accordements. Alors on pourra dormir en paix et s’entendre penser, et ce moment là est exceptionnel, c’est un moment “nutella”. Et c’est à ça qu’on reconnaît les gens “possédés” par la musique, ils fredonnent, répètent seul des morceaux de phrases qui, isolés, ne veulent plus rien dire. Un peu comme la petite fille dans l’exorciste, sauf qu’au lieu de cracher et de dire “Ta mère suce toute les [ceci est une odieuse censure] de l’enfer”, ils s’assissent à coté de vous à l’arrêt de bus, tôt le matin à 7h27 précise, quand les lampadaires s’éteignent et assombrissent encore un peu plus votre début de matinée pourrie; là, ils vous regarde avec de grands yeux et murmurent “ne pas finir comme une chanson qui meurt parcqu’on ne la chante plus”, ou autre chanson par laquelle ils sont possédés car ils ne savent pas, eux. Oui, ça fait grand délire paranoïaque et je suis peut-être un peu stupide de sortir de si grandes théories, mais j’aime ma théorie sur la couleur.
Sur ce, je vais de ce pas écouter l’album qui est orange comme le soleil du crépuscule, album que j’aime par nostalgie. Si j’ai le courage je terminerais d’écrire ma nouvelle : “La musique adoucit et meurt”, reprendre ma plume et terminer l’histoire de Cassandre et Simon. Si jamais j’en ai la foi, je viendrais poster un petit quelque chose. Bonne soirée.
N.B : J’ai emprunté le titre “Le Chant des Sirènes” à une de mes anciennes nouvelles sans grand rapport, puisqu’elle parle de la solitude et du renfermement. Si j’en reparle, vous comprendrez que ce n’est pas à cet article que je fais référence.