Autopergamene
Rise Against: No More Blood to Bleed
article🇫🇷 françaisPublished 2008-07-07MusicReview7mn to read

The drones all slave away, They’re working overtime, They serve a faceless queen, They never questioned why. Disciples of a god, That neither lives nor breathes, But we have bills to pay, Yeah we have miles to face.
J’ai légèrement hésité avant de commencer cet article, pour quelques courtes raisons. Premièrement parce que lors de mon dernier article de musique j’ai dit ne pas vouloir prendre le temps de parler de groupes qui n’ont pas forcément une histoire intéressante. Deuxièmement parce que j’écoute énormément de musique – et ce n’est pas un euphémisme – et pour cette raison je suis très sensible sur les artistes que j’écoute. Je vais être franc et paraître stupide, mais lorsque quelqu’un quelque part crache des atrocités sur un groupe que j’aime, ça me dérange. L’air de dire, on s’attaque à ce que j’aime donc on s’attaque à moi. Ce qui me mène à la troisième raison : si j’ai hésité à poster cet article ce n’est pas pour ce que je vais dire en soi mais pour la meute bavante qui se tapit au détour des commentaires de NoFrag. Si vous n’aimez pas, partez simplement de l’article ou dites-le avec des mots un tant soit peu civilisés. Je ne force personne à avoir mes goûts, je veux juste éviter l’éternel « C’est de la merde ». Beaucoup ne modèrent pas leur blog, moi si — comme ça c’est dit.
Commençons donc par le commencement : Rise Against est un groupe de rock qui officie depuis 1999, classifié par Wikipedia comme du Punk Rock/Melodic Hardcore ou je ne sais quel sous-genre complètement farfelu inventé par les gens pour que ce soit plus simple© et pour faire semblant d’ouvrir une toute nouvelle branche dans la musique. Je fais donc confiance aux érudits, moi je classifierais ça comme du Rock tout au long de l’article. Si je parle de ce groupe, c’est premièrement parce que je l’aime beaucoup, et deuxièmement parce que malgré ce qu’on pourrait se dire au premier abord il possède quelques particularités qui à mes yeux le rendent intéressant. Au niveau musical, au niveau des paroles, et au niveau de leur évolution au fil des albums.
Inside my hands these petals browned, Dried up falling to the ground, But it was already too late now, I pushed my fingers through the earth, Returned this flower to the dirt.
Je ne m’attarderai pas trop sur le premier album parce qu’au final et avec le recul acquis au fil de la carrière du groupe, The Unraveling reste pour moi très éloigné de ce que deviendra RA par la suite. De ces dix-huit premières pistes, ressort une évidente rapidité de rythme, une batterie répétitive propre à certains groupes punk, beaucoup de lourde voix insufflée dans les morceaux. C’est un départ assez violent dans la carrière du groupe, et je pense que ce sont ces premiers pas qui vaudront au groupe sa première étiquette en tant que « Punk Hardcore » — musicalement et concernant les paroles. Néanmoins, entre les mailles du chaos musical émanant de The Unraveling, on retrouve quelques-uns des éléments qui plus tard deviendront leur marque de fabrique. Avant toute chose, et c’est particulièrement visible sur le morceau éponyme « The Unraveling », s’entend clairement la voix du chanteur, Tim McIlrath. Celle-ci se reconnaît principalement par sa versatilité, et se côtoient ainsi phrases douces et violentes, cris et murmures. C’est cette même modulation de la voix qui permettra d’instaurer plus tard plusieurs atmosphères au sein d’un même album. Pour exemple on ne peut que citer l’écart béant entre « State of the Union » et « Swing Life Away » sur leur troisième album : l’une étant une piste emplie de rage et aux sonorités très metal, et l’autre étant une piste très douce jouée à la guitare acoustique.
Leur second album sera la première incursion de Rise Against dans une certaine reconnaissance. Là où The Unraveling était resté dans l’ombre, Revolutions per Minute apportera un faisceau de lumière, et en un sens ce premier rayon balayera les fioritures qui rendaient le premier album un brin chaotique. C’est aussi l’album qui affirmera l’identité du groupe, et scellera les structures musicales qui leur sont propres. Comme si les membres avaient voulu se détacher de la certaine monotonie de leurs premières pistes ; on relèvera ainsi l’utilisation de ponts, de nombreux solos de guitare et de basse, une batterie plus apaisée, une voix mieux maniée. Des éléments qu’ils reprendront par la suite dans leur carrière, en les accentuant d’autant plus. Malgré leur croissante amélioration, cet album reste pour beaucoup leur meilleur parce qu’il est ce qu’aurait dû être un bon premier coup d’essai : fort et marquant sans en faire trop. Les thèmes qui seront ceux du groupe se dessinent eux aussi, avec notamment cette recherche d’un monde meilleur qui se muera au fil des albums en revendication pure et simple. Car, et s’il y a un des éléments que les membres du groupe ne peuvent nier, c’est leur fervent engagement dans beaucoup de causes. À beaucoup de reprises le groupe fut qualifié de groupe « punk politique » ce que le chanteur a profondément dénigré, expliquant qu’avoir un message n’est pas pour lui un genre auquel se rattacher mais quelque chose de nécessaire à l’écriture de chansons. Pêle-mêle dans les chansons du groupe au fil de sa carrière on citera la défense de l’environnement, du traitement des animaux, de l’exploitation des enfants, des conditions de vie dans les pays en développement, de la politique judiciaire des États-Unis, et j’en passe.
If I held my ground would you ask me to change ? This drought bleeds on and we’re dancing for rain, We drink the air but it’s still not the same, These worlds collide but the distance remains, We point the finger, never accepting the blame.
Arrive enfin leur troisième album, mettant à plat et au propre ce qui avait été lancé par Revolutions par Minute. Ce nouvel élément de leur construction, longuement intitulé Siren Song of the Counter Culture fait ressortir encore plus de nouveaux éléments. Le plus évident, très présent dans cet opus, c’est la forte importance qu’a pris la basse de Joe Principe, parfois plus mise en avant que la guitare sur certains morceaux. De nombreux ponts, introductions, et parfois les couplets eux-mêmes ne laissent entendre que la basse, coupant la guitare quelques instants. Ç’aurait pu être monotone pour beaucoup de groupes, mais le jeu de Principe a cette particularité qu’il utilise beaucoup d’accords et de structures non répétitives… en somme il se sert de sa basse comme il se servirait d’une guitare, et ça rend la chose musicalement très intéressante. Comme je l’ai dit précédemment, cet album accentuera encore plus les différences d’atmosphères et de genres qu’emploie le groupe. Parfois très violent et parfois très doux, on relèvera l’utilisation plus présente de guitare acoustique pour les ponts/intro et pour le morceau Swing Life Away. Les solos de guitare et de basse se font aussi plus nombreux qu’auparavant, jusqu’à en devenir presque un rendez-vous. Prenez n’importe quelle piste, et vous aurez de grandes chances d’assister à un changement soudain de rythme voire d’instrumentale en plein milieu de la chanson, laissant place soit à un solo, soit à un pont en « Screaming Overdrive » ou le chanteur alterne entre les extrêmes de son chant. Dans tous les cas ça n’est pas à voir comme une répétition, car chacun de ces procédés est utilisé avec soin et chacun de ces interludes a sa propre identité.
En dernier lieu, The Sufferer and the Witness est le dernier album en date du groupe, daté de 2006 et préparant au nouvel album The Illusion of Progress à paraître en octobre. Cette dernière pierre à l’édifice se caractérise surtout par un tempérament moins violent, et un album plus lisse… tout simplement moins punk pour beaucoup de fans. Même si j’aime beaucoup cet album en soi, je le trouve moins « osé » que le troisième. On retrouve toutefois l’architecture musicale du groupe, quelques nouveautés et des chansons plus travaillées, mais l’ensemble est plus homogène. Ce qui au choix, est un défaut ou une qualité. Pour ma part je prends le groupe dans son ensemble et n’ai jamais trop de préférence pour tel ou tel album d’un groupe, ce qui fait que mon avis est assez peu aiguisé. Je ne m’estime pas en droit de décider si un groupe n’est plus ce qu’il devrait être ou pas, je me contente de suivre leur évolution et de l’accepter. J’ai d’ailleurs toujours écarquillé les yeux devant ceux qui se permettent de remettre en cause la direction prise par un groupe, comme si c’était aux auditeurs de dire aux membres que faire. Cela dit l’album reste original en soi, avec encore une fois de petits procédés qui rompent la répétition, des passages a cappella, une chanson en prose façon radio, etc. On ne peut nier qu’il y a un gros travail derrière l’album, qu’on l’apprécie ou pas.
Je n’ai pas beaucoup parlé du guitariste parce qu’il fut différent à chaque album. Se sont ainsi succédé Mr Precision, Todd Mohney, Chris Chasse et Zach Blair. Quant à la seconde guitare, du moment où elle fut introduite au second album, jusqu’à aujourd’hui, elle fut toujours jouée par Tim McIlrath, le chanteur lui-même. Sur ce, c’en est fini pour cet article qui confirme que je ne sais pas faire court. Pour achever le tout je vous propose quelques extraits de la discographie du groupe, via ce cher player Deezer qui prend un cher plaisir à se foutre totalement de l’ordre que je lui ordonne. Vous aurez donc dans le désordre le plus complet, The Unraveling, A Thousand Good Intentions, Halfway There, Like the Angel, Life Less Frightening, Blood to Bleed, Drones, The Good Left Undone et Everchanging dans sa version acoustique. Soit deux pistes par album et un petit supplément. J’avais pensé à leur cover de Journey (Any Way You Want It) pour l’extra mais je me suis dit que la piste acoustique serait un bon moyen de souligner mes propos. Encore une fois, tout comme l’article précédent, ce ne sont que des titres choisis selon mes goûts et peu importe l’avis que vous en aurez ça ne veut pas dire que vous aimerez ou pas le groupe ensuite.