Autopergamene
Big Fish
article🇫🇷 françaisPublished 2006-08-25TVReview3mn to read

Si il y a bien une chose qu’il faut reconnaître chez Tim Burton, c’est que son petit monde est à des lieues de celui des autres réalisateurs, bien loin des idées abstraites d’un Cronenberg ou des aventures épiques ou comico-gore d’un Jackson. Le monde de Burton est un monde féerique ou étrange où arrivent souvent des choses qui n’arriveraient pas dans la vraie vie. Ce Big Fish est une nouvelle preuve de ce fait. Film à la fois enchanteur et triste, si l’on prend la peine de rentrer dans cet univers, ce sont deux heures de voyage au coeur des rêves de chacun qui nous sont offertes sur un plateau, et que nous n’avons qu’à savourer.
William Bloom n’a jamais réellement aimé son père, Edward. Celui ci a toujours eu le don de raconter des histoires merveilleuses sur sa vie, des histoires autant merveilleuses que peu croyables. Et c’est justement ce que William n’a jamais aimé, son père a toujours été aimé de tous, et s’est constitué son propre monde, qu’il raconte encore et encore, à tout le monde. William s’est alors, en grandissant, et découvrissent que ces histoires ne sont pas véridiques, lassé d’entendre son père ressasser ses contes, que William considère comme des histoires bonnes pour des enfants en bas age. Seulement voilà , cette fois ci c’est différent, Edward est atteint d’un cancer et ses heures sont désormais comptées. William retourne alors à sa maison, avec sa fiancée Joséphine, voir son père une dernière fois. Et pour cette dernière fois, il aimerait vraiment entendre la vérité, connaître vraiment son père et sa vie, et non celle qu’il s’est inventé au fil des années. Ce ne sera pas tache facile, d’autant plus que Edward est désormais convaincu que ce récit est sa propre vie. Peut être dit-il la vérité, peut être que non. C’est ce que William va tenter de comprendre, avant que son père ne rende son dernier souffle.
Difficile d’expliquer ce qui se passe réellement dans ce film, la majeure partie est tout simplement le récit d’Edward, le récit de sa vie. Un récit auquel on a du mal à croire. Pendant une longue partie du film on se met aisément à la place de William. Puis petit à petit, à travers le récit d’autres personnes, on comprendra que certains faits étaient réels, que certaines personnes ont réellement existé, et que le récit d’Edward n’est peut être pas si fictif que ça. C’est là que le monde de Burton entre réellement en jeu, remettant en cause le temps, l’espace, la logique, laissant le spectateur dans un permanent doute qui s’estompera petit à petit, au fil de l’histoire, en s’approchant de la fin. Alors oui, et il était difficile de le nier ou de ne pas en être convaincu, arrivera le moment fatidique où Edward rendra son dernier souffle, dans une scène tout aussi belle que ce film lui même et qui ne manquera pas de décrocher quelques larmes à ceux qui auront suivi ce film sincèrement. Et cette mort descellera enfin les dernières scènes du film, ajoutant une dernière pierre à cette histoire, sans pour autant dire au spectateur où est vérité et où est mensonge. C’est un peu cela Big Fish, une histoire à laquelle on a le choix de croire, ou pas.
Tant dans sa réalisation que dans sa narration, il est indéniable que ce film à de réelles qualités. Certains resteront hermétiques à l’univers un peu irréaliste du réalisateur, et trouveront ce film sans saveur; mais si on prend la peine d’en admirer toute la splendeur, on fera un voyage inoubliable. J’avoue avoir trouvé la première heure sympathique, mais un peu ennuyante de naïveté. L’histoire est si peu croyable qu’au final les rebondissements paraissent anodins. A mon goût, c’est la seconde heure du film qui fait réellement toute sa force. On notera une très légère référence à “Edward aux mains d’argent”, lorsque l’on voit Edward (celui du film cette fois) vendre ses mains métalliques à tout faire, je ne sais trop, ça m’est venu à l’esprit, je suis peut être trop attentif aux détails. Dans le même genre de petits détails, on notera la phrase du directeur de cirque, lors du récit d’Edward : “Tu n’es qu’un gros poisson dans une mare, ici c’est l’océan.”, qui se rapporte à tant de choses dans le film, dont le titre, que je ne pourrais citer sans vous dévoiler l’histoire.
Bref, pour peu qu’on regarde attentivement ce film, c’est une aventure passionnante et captivante qu’il est difficile d’oublier. Tim Burton signe ici un autre de ses films étranges, mais qui au final vous laissent une si belle impression, qu’on en oublie nos pseudos sens de normalité et de réalité, et qu’on se laisse dire pendant un instant que ce qu’on voit est véridique.