Autopergamene
Fréquence Mortelle
story🇫🇷 françaisPublished 2005-01-0110mn to read

« Le feu était partout, c’était, plus qu’horrible, tout n’était que sang et feu, tel l’enfer, le port de Northgate partait actuellement en cendres. Nul n’a vu d’ou partait l’incendie, mais le plus horrible, c’est que lorsque les pompiers eurent éteint le feu, on retrouva des cadavres d’enfants éparpillées un peu partout, leur yeux avait étés crevés »
Article paru dans le ‘Shadow Gates Morning’ : « Incendie dans le Hangar 5 »
« Si chaque chose devait avoir une raison, un pourquoi et un comment, il se peut que nombre d’actes n’auraient étés commis. Durant une certaine année, même plusieurs années, le village de Shadow Gates vit sa population décroître de jours en jours. L’assassin, fut identifié et surnommé : ‘L’Ange de la Mort’. Car il aveuglait ses victimes, et leur donnait des noms de Saints, avant de les tuer et de les donner en offrande a un Dieu. Un jour, on a cessé de voir ce tueur, et on n’en a plus jamais entendu parler. On a jamais su qui c’était, et pourtant, la légende raconte qu’un jour L’Ange reviendra planer a la date du… »
La sonnerie retentit, et le professeur d’Histoire Locale referma son gros livre en laissant un marque-pages à la page « Légendes ». Il pointa son doigt plein de craie sur la partie droite du tableau ou était inscrit les devoirs journaliers et lâcha enfin ses élèves avec un bref « N’oubliez pas ».
Bryan & Sylvia sortirent de la classe ensembles et s’en allèrent. Cela faisait plusieurs années qu’ils étaient dans la même classe et ils étaient devenus inséparables. Lui avait environ le même age que Sylvia, même si de loin, on aurait dit un homme âgé de la trentaine. Il ne croyait en rien, en tant que scientifique de son établissement, tout ce qui sortait du réel de près ou de loin le dépassait largement. Pour Bryan, ce qu’il ne voit pas de ses yeux, n’est pas. Quand a Sylvia, elle menait une vie on ne peut plus classique, malgré quelques aventures avec des personnes non recommandables, on lui avait collé l’étiquette de la jeune fille modèle a l’age de huit ans.
Le parking se vidait peu à peu des voitures de ses étudiants et professeurs. Il était déjà tard et la lune rayonnait sur Shadow Gate. Sylvia et Bryan montèrent dans sa voiture et Bryan démarra. La voiture roula longtemps et Sylvia parut s’ennuyer, la lune reflétait ses courts cheveux blonds et Bryan ne put s’empêcher de les fixer de temps en temps. Le silence commençait à devenir pesant, Bryan décida alors de mettre la radio. Des parasites. Sylvia paru s’énerver d’avantage et demanda à Bryan de faire défiler les stations afin d’y trouver de la musique. Il demande de quel genre, mais Sylvia n’avait pas l’air de prêter attention à sa question. Elle fixait juste les arbres qui défilaient. Bryan posa sa main sur son bras gauche et sentit la peau de Sylvia s’hérisser. Elle se retourna et répondit « Peu importe ».
Alors les doigts de Bryan se posèrent sur la petite roulette noire, et il fit doucement défiler les fréquences. De la ou ils étaient, ils ne trouvèrent que des parasites, aucune radio n’émettait de musique, ou très rarement. Et les chiffres défilaient : 96.3 ; 97.12 ; 98.5 ; 99.8 ; 100.4 : les parasites se coupèrent pendant une fraction de seconde et Sylvia leva les yeux.
- Remet en arrière ! s’affola Sylvia.
- Pourquoi ?
- J’ai entendu un truc ! Remet je te dit !
- Quelle station ? demanda Bryan.
- Euh…aux alentours des 100 je crois…J’ai, j’ai pas vraiment fait attention. Son ton paraissait plus calme. Elle ravala sa salive et fixa longuement Bryan avant d’entendre enfin un « D’accord ».
La radio revint sur 99.8, et le silence pesait. Seul le bruit du moteur retentissait dans la berline grise désormais arrêtée sur le bas coté. Il était aux alentours des 7h du soir (cours de rattrapage oblige) et sur la petite route qui traverse la foret et longe le port il n’y avait pas grand monde (pour ne pas dire personne) qui roulait. Les quelques autres étudiants étaient sûrement en train de boire au bar du coin, de l’autre coté. Une courte et neutre phrase sortit du petit poste radio, une phrase implorant de l’aide… Elle fixa longuement Bryan, de ses yeux châtains, comme elle le fait quand quelque chose ne va pas. La voix répéta la même phrase encore et encore, et plus les répétitions passaient, plus le nombre de voix se multipliait, brouillées de temps en temps par quelques parasites. Et au moment ou Bryan s’apprêtait à couper la radio, Sylvia remarqua que son visage palissait à vu d’œil. Et la voix se mit à redoubler de férocité. « AIDEZ NOUS » répéta la voix, et ce fut soudain plus clair. La voix, ou plutôt les voix, implorèrent a nouveau et hurlèrent qu’ils étaient tous enfermés dans un Hangar du quai de Northgate et qu’ils émettaient en secret. Une des voix d’enfants (du moins cela ressemblait a des voix d’enfants) sortait du lot et prononça a voix basse que si ils n’agissait pas, les remords s’abattraient sur eux. Mais Bryan avait déjà coupé la radio. Il se secoua violemment la tête en se disant sûrement que il se réveillerait chez lui. Il les rouvrit et parut déçu.
De la peur et du doute se lisait dans ses yeux. Puis il se tourna vers Sylvia et celle ci lui fit instinctivement non de la tête. Elle savait que Bryan allait vouloir les sauver et elle n’avait aucunement l’envie de se mêler à ça. Même si au bord de ses yeux perlaient des larmes, Bryan savait que quoi qu’il fasse, elle ne tenterait jamais rien pour sauver ces enfants. Ils décidèrent alors de rentrer chez eux. Bryan déposa Sylvia près d’un taxi et continua la route. Tout le long des 3 kilomètres il avait l’impression de passer à coté de quelque chose, oui, mais un sentiment de perplexité venait s’ajouter au mélange, cela pouvait être aussi bien un canular ! Mais il se dit alors, qu’imaginons un instant que ces enfants soient vraiment enfermés, ça l’empêchait de réfléchir. A vrai dire, Bryan n’avait pas souvent l’occasion de réfléchir longtemps. Depuis quelques années, et suite à un accident dont il ne se souvenait plus, on lui avait déclaré qu’il était atteint d’un trouble de la mémoire, ses actes ne lui reviennent souvent jamais. Alors il décida d’aider ces enfants avant que sa conscience n’emballent ses souvenirs et les jette dans la « Zone Noire » de son cerveau. Cette zone où l’on jette ce que l’on veux oublier et qui finit par grandir et absorber les souvenirs qu’on aimerait garder, et a rejeter des choses qu’on croyait perdu à jamais.
Il gara sa voiture devant le garage, ses parents n’étaient pas encore rentrés. La première chose qu’il fit : c’était d’appeler Sylvia pour savoir si elle était bien rentrée, mais il tomba sur le répondeur. Sûrement déjà allongé dans son lit à ronfler jusqu’à demain. C’est en effet ce qu’il se dit mais le doute lui empoignait le cœur. Et Bryan, le Bryan qui ne croit en rien, se dit soudain que le « Fréquence des enfants » y était pour quelque chose. Alors il mit son « petit poste radio » et régla la fréquence : 99.8. Et comme pour l’heure d’avant, le silence envahit le salon jaune. Et il entendit une voix, en effet, il entendit quelque chose, mais sûrement pas la voix qui était dans la voiture. Et cette petite voix rauque lui murmura de respirer et d’ouvrir la fenêtre. Le corps de Bryan se pris de peur, il saisit la poignée et délicatement, il ouvrit les rideaux. Et ce qui se découvrit sous ces yeux, c’était le corps de Sylvia suspendue à l’étage, un bandeau sur les yeux. Et la voix de la radio éclata de rire, Bryan savait pourquoi elle était morte et lui non, il savait désormais qu’il allait falloir les aider. Mais sa haine était trop immense, il couru vers le poste et buta dans quelque chose ; Et ce quelque chose c’était le « petit fil » débranché du « petit poste radio ». Alors il se retourna et vit d’ou venait la voix rauque. Un petit enfant, dont les yeux étaient recouverts d’un bandeau rougi par le sang. Ses habits étaient vieux et déchirés. Il était couvert de bleus et l’expression qui se lisait sur son visage n’était plus de la haine mais de la tristesse. L’enfant prit la parole :
- Vous, avez refusé de nous aider. Il le faut ! Si vous ne le faite pas, nous mourons. dit l’enfant.
- Et comment puis-je vous aider ? demanda Bryan intrigué.
- La seule chose que tu as à faire et de nous faire sortir du Hangar 5. Bien évidemment sans y croiser l’être qui nous y a placé.
- Qui ?
- L’homme qu’on surnomme « L’Ange de la Mort ».
- Si je coopère vous me laisseriez continuer ma vie ?
- Bien évidemment. dit l’enfant, le regard plein de malice. Alors Bryan hésita et accepta l’offre de l’Enfant. Juste avant que l’Enfant ne disparaisse dans les ténèbres de la nuit, Bryan lui demande son nom. L’enfant se retourna et, avec un rictus aux lèvres, répondit « Isaac Bartholomé » ; avant que son ombre ne s’estompe.
Bryan courut a la voiture, plus vite les enfants seront libres et plus vite il serait tranquille. Il ferma les yeux en passant devant Sylvia et mit les clefs sur le contact, la voiture démarra. La route qui menait à NorthGate paraissait interminable, elle n’avait plus était utilisée depuis que le quai avait prit feu il y a des années de cela. Bryan voyait le décor défiler sous ses yeux, avec a chaque fois l’impression de croiser des jeunes enfants sur le coté de la route, un bandeau sur les yeux. Tout paraissait si irréel pour lui qu’il avait l’impression qu’il allait se réveiller à chaque instant. A force de voir les enfants il n’osa même plus détourner du regard. Même sous le bandeau, leurs yeux le fixaient patiemment. Et bout de quelques kilomètres, prit d’une effroyable curiosité malsaine : Bryan plaça la roulette sur 99.8. Et un hurlement capable de déchirer la nuit retentit. La voiture dérapa de tout son long et s’écrasa contre un tronc d’arbre. Une immense silhouette se dessina devant son pare-brise. Tel un rêve, Bryan voyait flou. La forme était habillée de ce genre d’habits religieux, une sorte de toge de moine, deux yeux luisaient dans la capuche. La forme prit la parole et lui dit que s’il tentait de finir ce qu’il avait commencé, il se tuerait lui même. Puis la forme disparut soudainement à l’instant ou tout redevint net. Il sortit de sa voiture et s’étonna soudain de voir le paysage qui s’étalait sous ses yeux : le quai NorthGate. La radio dans la voiture émettait des parasites. Sa tête lui faisait atrocement mal et il dévala la pente de travers, risquant même de se prendre un poteau. Prit d’un doute il finit quand même par se retourner et vit que les deux yeux jaunes de la silhouette le fixait ; « L’Ange de la Mort » le guettait. Et Bryan avait l’impression qu’à tout moment il allait lui sauter dessus et qu’il se retrouverait enfermé dans le Hangar 5 à son tour.
Il longea le bord de la mer jusqu’à tomber sur un énorme bunker marqué d’un 5 bleu en chiffres romains. Il sortit un petit pied de biche sui traînait par la, le planta entre les deux lourdes portes et les ouvrit en grand. Il rentra, mais c’était vide. Le hangar était complètement vide, seule une porte se trouvait a une vingtaines de mètres, tout au fond du hangar. Deux gros engrenages se mirent à rouler et les deux lourdes portes se refermèrent dans un grand bruit de métal. Bryan n’eut pas le temps de se retourner que la porte était fermée de manière à ne plus s’ouvrir. Alors il marcha et plus il marchait, plus il souhaitait faire demi-tour. Mais la porte du Hangar était fermée et il savait bien que désormais elle ne se re-ouvrirait plus, alors quand il arriva a la petite porte de bureau, la solution de rentrer ne lui paru qu’évidente. Il rentra, et découvra une salle complètement vide. Tachée de sang, certes, mais vide. Bryan était complètement déboussolé, il se retourna et abaissa la poignée une nouvelle fois. Mais la porte n’en fit qu’a sa tête. Et l’ombre qui se projetait contre le mur ne montrait pas un homme coincé devant une porte, mais un homme fixé par des regards vides. A ce moment l’idée d’un simple piège lui vint à l’esprit. Bryan « vit sa vie défiler devant ses yeux » comme disent tous les gens qui tombent lentement dans le gouffre de la mort. Tout ce qu’il avait fait, Sylvia, les morts. Et prit dans la foulée, un des tuyaux non irrigué de son cerveau a cause de l’Amnésie se déboucha et d’autres souvenirs lui revinrent à l’esprit. Il se rappela soudain tous ces meurtres qu’il avait commis. Bryan avait 32 ans et avais kidnappé, séquestré et torturé a mort 37 enfants sous le nom sinistre qu’il signait sur les lieux du crime : « L’Ange de la Mort ». Il se rappela cet horrible masque qu’il avait fabriqué pour empêcher les enfants de voir ou ils étaient, un horrible masque dont les yeux étaient bouchés par des couteaux et qu’il enfonçait violemment sur la tête de ses victimes avant de les retirer et de masquer les yeux des enfants par un ruban. Tous ces enfants qu’il avait tué pendant tant d’années dans le Hangar 5 se retournaient contre lui ; Même après qu’il ai mit le feu pour effacer les preuves. Oui, tout, y compris la lourde explosion qui avait provoqué son Amnésie soudaine, lui revint à l’esprit.
Il n’y avait pas de « Isaac » mais un « Zachary » qui fut sa dernière victime et qu’a son goût il n’aurait jamais du tuer. A force d’offrir on ne reçoit plus et il ne se serait jamais douter qu’un des enfants ramènerait les autres de l’enfer pour faire payer l’ardoise. Ils s’avançaient vers Bryan qui fondit en larmes. Ils le bloquèrent dans un recoin de la salle de sacrifice. Isaac sortit un cutter et fit ce qu’il avait à faire. Eliminer l’Ange de la Mort une bonne fois pour toute. La nuit continuait de bercer NorthGate, et c’est a peine si au fond de la nuit, les hurlements de Bryan se firent entendre, ceux d’un homme qui ne comprend sa mort qu’au moment de la vivre.
Bryan était sagement assis, tranquillement, par cette belle journée de printemps. Alors il fixa le mur d’en face, et ne vit rien a travers le bandeau taché de son sang. Et il se mit à hurler, hurler dans l’espoir qu’un jour quelqu’un tombe sur 99.8 et l’entende. Mais en attendant, Bryan continuerais de hurler sur 99.8 : La Fréquence Mortelle.