HomeThe Winter Throat
Vices Versa
story🇫🇷 françaisPublished January 2002 (at 12)1480 words5 mn to read

La voiture roulait depuis un nombre incalculable d’heures. Julia s’était assoupie, depuis le départ, tôt dans la nuit. Ils étaient en route pour Eeradon, un des villages du massif de Shadows Hills. Le massif entourait les villages et ne s’arrêtait qu’en un point ou passait deux routes qui longeaient les collines. Ce point était recouvert d’une épaisse foret très sombre. Et la troisième route, qui ne longe aucune colline mais qui mène directement aux villages, passe par cette foret, et traverse le village de Shadow Gates.
La berline grise s’arrêta sur le bas coté. Cela devait faire une bonne demi heure qu’ils avaient l’impression de tourner en rond. Le père de Julia descendit de la voiture et se saisit d’une branche. Puis il dessina une croix au sol. Il réveilla Julia et lui dit que si en roulant elle voit a nouveau la croix c’est qu’ils tournent en rond. Julia se mit alors à fixer le sol, en se frottant les yeux. Mais elle ne revit pas la croix, juste une longue route dont on ne voyait pas le bout dans la nuit. Et deux hommes marchaient, deux hommes dans de vieux habits déchirés.
La voiture s’arrêta à coté d’eux. Le père ouvrit la fenêtre côté passager et demande poliment si ils voulaient qu’ils les prennent. Le second homme fit quelques pas en arrière. Mais le premier s’avance dans la lumière et dévoila deux yeux orange. Soudain sa mâchoire s’agrandit, il saisit Julia par le pull et hurla d’un cri lourd et rauque. Le père appuya sur l’accélérateur de toute sa force. Mais l’homme planta quatre griffes dans la portière arrière et tenta d’atteindre Julia au cou. Elle hurlait et tournait le plus vite possible la poignée de la vitre. Puis elle finit par appuyer sur la poignée de la vitre avec son pied, ce qui referma violemment la vitre, arrachant quelques doigts à cette chose. Le monstre s’envola et atterrit dans la foret. La voiture roula, la destination, rien à faire. Juste rouler. Mais Julia revit alors la croix au sol, elle ne dit rien car elle savait que ce n’était pas le moment.
Le père de Julia s’arrêta quelques instants. Dans un petit coin calme, une sorte d’arrêt pour les voyageurs. Ils descendirent et admirèrent quelques instants la nuit pour oublier ce qu’il venait d’arriver. « Vous verrez, disait l’oncle Eddie, une fois passé le porche, c’est tout droit ! ». Et pourtant, une fois passé le porche n’a cessé de s’enchaîner des virages, des carrefours et autres. Quand Julia entendit son père dire ça, elle lui demanda alors si ils étaient bien sur la bonne route. Mais les panneaux « Road 83 » le long de la route étaient pourtant bel et bien la.
Julia demanda alors a son père si elle pouvait marcher quelques instants sans s’éloigner. Son père hésita, et pensa qu’au point ou ils en étaient, si elle tombait sur la sortie ça l’arrangerait. Il lui donna la lampe, et s’assit sur le capot, tout relisant et en parcourant la carte routière.
Julia marcha assez longtemps, slalomant entre les arbres. Puis elle déboucha quelque part. Une sorte d’immense trou creusé dans le sol, un mini canyon. Elle se mit a plat ventre et rampa jusqu’au bord. Sans se faire voir, car en bas, il y avait des gens. Des gens, et des loups. Elle vit toute d’ici. Tout d’abord des hommes se mettait d’un coté, et ils en désigner un parmi les autres. Au sol, il y avait un grand cercle rouge tracé avec…avec quelque chose que Julia n’imagina pas. L’homme s’asseyait au centre. Puis on emmenait un loup dans le cercle. Et un autre homme avec un crâne de loup sur la tête s’avançait vers eux et se mettait a prononcer des paroles incompréhensibles. En latin, ou en une vieille langue qu’on force Julia a apprendre a l’école. Julia entendait de la ou elle était, comme dans les vieux théâtres, la forme du cratère portait le son partout, a cause de l’écho ou de la résonance, quelque chose comme ça. Julia se mit a répéter chaque chose que disait l’homme, elle voulait le dire a son père pour lui expliquer, il saurait peut être mieux qu’elle. Elle fixait attentivement le loup, il ne bougeait pas, rien.
Puis l’homme, le prêtre, prononça les derniers mots. Le loup se mit alors à bouger, dans tout les sens, a hurler le martyr. Des hommes le tenait et l’empêcher de fuir. Il se mit a lors a recracher quelque chose, du sang, et surtout une sorte de forme organique sans réelles couleurs. Le prêtre coupa le fil qui reliait la forme au loup. Le loup s’étala au sol. Et ne se releva jamais plus. L’homme avala la forme de force, et fut prit de contractions. Il hurla a son tour. Ses yeux devirent orange vif, tels ceux du loup. Ses dents s’allongèrent, tels celles du loup, ses griffes sortirent, tels celles du loup. Un long pelage lui poussa, tels celui du loup. Pendant ce temps, le loup se relevait, grossissait, devenait monstrueux.
Et l’homme devint bête, et la bête devint homme.
S’en résultaient deux monstres aux pulsions meurtrières. L’homme garda ses vieux habits, déchirés par la grosseur de la masse musculaire qui l’avait atteint soudainement.
Julia n’en croyait pas ces yeux, c’était donc ça les deux hommes qu’ils avaient croisé, deux lycanthropes en quête de chaire.
Julia se leva et laissa tomber une roche en bas. Le l’homme loup et le loup humain fixèrent Julia. Le prêtre haussa les sourcils, et dit deux autres mots. On entendit au loin les bruits de centaines de pas. De pas de créatures de cauchemars qui se ruaient touts ensemble sur Julia.
Elle couru de toute ses forces a travers la foret, suivant ses pas a contre sens. Mais lorsqu’elle arriva à la voiture, elle ne trouva que le corps de son père en mauvais état. Elle mit le corps de son père sur le siège passager. Sans hésiter elle monta dans la voiture. Elle ne savait pas très bien conduire mais assimila vaguement le fonctionnement. Elle fonça, et au loin, il y avait un nuage de fumée. On distinguait des milliers de loups, et d’autres monstres horribles dont on rêve la nuit.
Julia pleurait, son père était en sang et ne respirait presque plus. Alors, elle eut un déclic, et fonça en plein cœur de la foule, écrasant des monstres a la chaîne. Des monstres, ressemblant a des aigles foncèrent en piqué sur la voiture, brisant vitres et pare brise et tentant de tuer Julia. La voiture prenait de la vitesse, devant eux se dressait un loup plus gros que les autres, il hurla. Julia lâcha le volant pour se boucher les oreilles et la voiture vint s’écraser à pleine vitesse contre un arbre.
Trou noir.
Le soleil venait de se lever, la nuit s’en alla et la route redevint normale. Car tout les soirs, a la nuit tombée, le porche mène a une autre route, ou se déroule des choses inhabituelles.
Il y a des années, un homme trouva le moyen de transférer deux âmes dans deux corps. ‘Vice Versa’. Il fut tué, et la formule volé. Des lors, des rituels se déroulent chaque soir pour créer une armée de monstre qui détruira la terre. Leur secret n’est gardé que par la magie de cette foret.
Julia lève difficilement la tête. Son père est mort. Elle longe la route et débouche finalement hors de la foret, elle repasse enfin le porche et s’agenouille sur le coté. Un loup vient lui lécher le visage. Elle rit, le jour se lève, les loups retrouvent leur liberté et leur gentillesse. Du moins ceux ci. Elle caresse quelques moments le loup, et lui parle comme si elle parlait a son père, passé dans le corps du loup. Et comme si le loup n’avait pas été la, Julia lui raconte ce qui vient de lui arriver. La route, les deux hommes, le cratère, ce qu’a dit le prêtre… Et sur ces mots, le loup se remue, il se met a hurler, et recrache cette boule informe et incolore qu’on appelle « L’âme ». Cette boule entre dans la gorge de Julia qui se met a hurler a son tour et a cracher du sang. Au loin, on entend des hurlements dans l’Aube.
Tôt le matin, la ou personne ne passe.
Au bord de la route 83, la femme devint bête, et la bête devient femme.